lundi 2 décembre 2013

Le Mal. (concours pour le boucher rouge toi même tu sais sisi)


Ton Mal te connaît et en échange toi tu sais rien. Tu t'y attendais même pas, tu savais pas qu'il était déjà là dans les cours de récré, dans les ombres des arbres, dans ton armoire, sous tes chaussures, absolument partout où tu passais. C'est comme s'engager malgré soi sur une pente glissante, t'as même des brefs moments de joie et d'euphorie quand t'as pas encore capté que tu vas droit dans le mur et que les choses font rien d'autre que s'accélérer. Quand t'es gosse ça va. Il t'empoisonne pas encore. Au début, il s'installe presque imperceptiblement. Petit à petit il ramène tout son bordel, ses meubles, sa télé et attend dans les coins de ta vie. Tu le vois pas tous les jours et tu penses sincèrement que tu vas t'y faire. Il fait qu'errer misérablement autour de toi. Le problème c'est qu'en général tout a déjà commencé. Il est dans ton dos, il se nourrit de toi, de la peur dans tes yeux, de tes regards craintifs, ceux que tu lances quand tu commences à le voir un peu partout, même dans ton bus, dans les boutiques ou les cinémas. Il commence à t'encercler, à t'isoler, il profite de tes moindres faiblesses, des moindres petits trucs de ta vie qui le font grandir encore et encore, et puis il se contente même plus de la peur dans ton regard. Il te bouffe de l'intérieur tout en te maintenant en vie, il va t'épuiser jusqu'à la dernière seconde, la dernière goutte. Il va juste s'acharner sur toi pendant que tu te courberas, sous la douleur, sous son poids. Tu te recroquevilleras dans ton lit, tu te cacheras sous tes couvertures, et bientôt il t'y rejoindra, te vider tout ton être, tout ce que t'as, t'auras plus rien, plus personne, même plus tes draps. Il propagera son poison noir et à la fin ça te prendra à la gorge, ça t'étouffera, pis t'arrêteras de lutter, ça sera tout, y'aura plus rien à sauver.